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Zakat alfitr donnée en nature ou en valeur monétaire ?
Quelle est la raison de cette divergence ?

Voici un article à lire à tête et coeur reposés. Son auteur (Mohammad ‘Abdelwahid Alazhari Alhanbali) évite de tremper dans le débat saisonnier sur zakat alfitr acquittée en nature ou en valeur monétaire. Ce débat qui est devenu stérile, ne fait que donner l’occasion à ceux qui sont dépourvus d’honnêteté intellectuelle et remplis de crispation de déverser leur venin. Qu’Allah nous préserve d’une telle dérive. Voici le texte, tel que je l’ai traduit.

« Au début, je précise que je n’ai aucun objectif précis derrière cet article. D’autant plus Qu’il n’est pas dans ma manière de faire de rentrer dans le débat stérile autour de cette question. Je dirai même que j’en veux à ceux qui en parlent en traitant d’erreur la position, adoptée par ailleurs par les conseils de fatwa dans la plupart des pays musulmans, qui consiste à autoriser l’acquittement de zakat alfitr en valeur monétaire conformément à l’école hanafi. Ces reproches (qui invalident la position hanafi) ne sont que le relent de la pollution qui frappe ceux qui n’ont que très peu de bagage de ‘ilm.
Dans cet article, je trace les aspects qui créent la divergence sur cette question en destination de tous ceux qui souhaitent comprendre. »

Les 3 aspects de la divergence 

Il faut savoir que la divergence (ou plutôt la diversité) entre les écoles juridiques à ce sujet relève de 3 aspects :
– Le plus rigoriste de ces avis, restreint l’acquittement de la zakat aux six denrées mentionnées dans le hadith. Tant que le donateur a les moyens de s’en procurer il serait invalide qu’il utilise tout autre produit ou moyen d’acquittement. Cet avis est celui qu’adopte principalement l’école hanbalite.
– A l’opposé, nous trouvons l’avis qui autorise de manière absolue le recours à la valeur monétaire. C’est l’avis des hanafites, d’un certain nombre de salaf et un avis extrait de l’école hanbalite (Takhrij ‘ala almadhhab alhanbali).
– Entre les deux précédents avis, se trouve un troisième qui autorise l’acquittement de la zakat avec toute forme de nourriture globalement, avec quelques divergences sur certains détails. C’est l’avis du jumhur et un avis dans l’école hanbalite choisi par cheikh Ibn Taïmiya. Il a dit

Sera quitte celui qui donne de la nourriture de son pays comme le riz ou autre, même s’il peut se procurer une des six denrées spécifiées. Il attribue cela à une parole rapportée de l’imam Ahmad.

La raison de la divergence

La raison de la divergence se trouve dans la réponse que chacun donne à la question suivante : « L’objectif de la zakat est-il de de satisfaire le besoin du receveur, ou est-ce un acte d’adoration pure ou est-ce un mixe des deux ?
– Ceux qui autorisent le recours à la valeur monétaire considèrent que l’objectif de la zakat alfitr est de satisfaire le pauvre qui la reçoit.
– Le jumhur disent que satisfaire le receveur de la zakat est certes un objectif mais il n’est pas le seul visé.

Les catégories des obligations de la shari’a

Les obligations de la shari’a sont de trois catégories:

1. Les obligations qui relèvent de la pure adoration

En ce sens qu’elles ne laissent aucune part aux autres objectifs. Par exemple, jeter les jamarat (les cailloux) au pèlerinage fait partie de cette catégorie. L’objectif du Législateur est de tester la soumission de l’adorateur.  Il l’appelle à exécuter l’action sans qu’il lui soit possible d’en comprendre la nature ou la finalité. C’est la pure soumission qui est visée par le Législateur (c’est un des sens du mot islam). La plupart des actes du pèlerinage relèvent de cette catégorie.

2. Les obligations prescrites par le Législateur dont la compréhension est acquise à l’adorateur

Pour cette catégorie, l’aspect adoration n’est pas visé. Par exemple, rembourser ses dettes ou rendre ce que l’on a pris injustement relèvent de cette catégorie. L’action de l’individu et son intention ne sont pas requises (cela peut être fait par quelqu’un d’autre que lui – un juge par exemple- et sans consentement de sa part). Tant que l’ayant droit a eu son dû, l’action est considérée comme accomplie.

Ces deux premières catégories sont indivisibles quant à leurs raisons d’être.

3. Les obligations qui visent en même temps les deux objectifs considérés par les premières.

Elles ont à la fois un aspect qui concerne un intérêt explicite ( qu’il soit celui de l’adorateur ou celui d’un tiers) et un autre aspect qui consiste à mettre à l’épreuve la soumission de l’adorateur. Ce deuxième aspect est certes plus subtile car implicite. Il ne doit pas être négligé au profit de l’autre aspect plus manifeste. L’aspect serait à ce titre le plus important des deux.

Dans quelle catégorie placer la zakat en général et zakat alfitr en particulier ?

La zakat pour le jumhur relève de la troisième catégorie. L’intérêt du pauvre qui reçoit la zakat est très clair. L’épreuve de la soumission de l’adorateur au Législateur l’est un peu moins; car elle exige de l’adorateur de se conformer scrupuleusement aux dispositions d’application mises en place. A ce titre, la zakat est comparable aux cinq prières obligatoires, au jeûne rituel et aux rites du pèlerinage sur lesquels l’Islam est construit en tant que piliers.
Ce qui met en évidence l’aspect adoration de la zakat (en général) est – à titre d’exemple- le fait que le Législateur ait mentionné spécifiquement certains bétails soumis à la zakat et la part qui doit en être prélevée. Par exemple, une brebis est demandée à celui qui possède cinq chameaux. Là, le Législateur exige une espèce pour payer la zakat d’une autre espèce sans que le recours à la valeur monétaire ne soit prévu. Certains explique cela par  la rareté de la l’argent (monnaie) chez les arabes de l’époque. Cet argument est réfutable, car à l’occasion de certaines catégories de chameaux, lorsque la part demandée pour la zakat n’est pas disponible, il est demandé une compensation en argent (aljubrane). Ce serait l’équivalent de la part manquante (voir les détails dans un cours sur la zakat).
Ces exemples et bien d’autres nous montrent que l’aspect adoration est bien présent dans la zakat, comme il l’est dans le pèlerinage et que ce pilier associe bien les deux aspects.
Les hanbalites (dans leur majorité) ont insisté profondément sur l’aspect adoration en n’autorisant l’acquittement de zakat alfitr qu’au moyen d’une des six denrées mentionnées dans le hadith.  Ils ont exclu toute autre forme de nourriture tant qu’une des six denrées est disponible.
Voilà ce sur quoi s’est bâtie la divergence autour de cette question. Elle résulte des différentes manières dont les uns et les autres ont compris le texte de référence. On peut donc dire qu’aucune  des parties divergentes ne contredit le dit-texte. Comprenez-le.