Les fondements juridiques du calendrier de prières selon l’angle 12 degrés.

Cet article propose un éclairage scientifique et complet sur cette question, en expliquant les tenants et les aboutissants de cette question des horaires de prière en Europe.

La prière est le deuxième pilier de l’Islam et le premier pilier pratiqué. S’acquitter des cinq prières canoniques relève de l’obligation pour tout musulman pubère et doté de raison comme le mentionne le consensus des savants. Dieu dit dans le Coran :

« La prière demeure pour les croyants, une prescription, à des temps déterminés »[1]

Le Prophète (ﷺ) a délimité les horaires des cinq prières canoniques dans de très nombreuses traditions authentiques, la plus authentique comme le mentionne l’imam Al-Bukhari est celle rapportée par Jâbir Ibn ‘Abdillah[2] qui nous informe que l’ange Jibrîl enseigna au messager de Dieu (ﷺ) les différents laps de temps durant lesquels nous devons nous acquitter de ces cinq prières.

Ces laps de temps étant déterminés par les différentes phases du soleil lors d’une journée :

  • Ad-Dohr débute après que le soleil ait quitté le zénith jusqu’à ce que la taille de l’ombre d’un objet soit égale à la taille de l’objet lui-même.
  • Al-‘Asr débute après lorsque la taille de l’ombre d’un objet soit égale à la taille de l’objet lui-même (ou le double de lui-même chez les hanafites) jusqu’au coucher du soleil.
  • Al-Maghreb débute après le coucher du soleil et se termine lorsque les lueurs du soleil disparaissent à l’horizon (cet avis est celui de la majorité des savants), un avis chez les malikites et les shafi’ites donne un intervalle de temps plus court pour le Maghreb (environ une trentaine de minutes après le coucher du soleil).
  • Al-‘Ichaa débute lorsque les dernières lueurs disparaissent complètement à l’horizon (ce qui est appelé la disparition des lueurs rougeâtres « ash-shafaq al-ahmar » chez la majorité des savants ou « ash-shafaq al-abyad » chez les hanafites) et se termine juste avant l’aurore (il est préférable de prier avant la fin du premier tiers de la nuit chez les malikites, les hanbalites et les shafi’ites, ou la moitié de la nuit dans un autre avis hanbalite et shafi’ite).
  • Al-fajr débute à la levée de l’aube c’est-à-dire l’aurore (lorsque les premières lumières brisent la nuit noire) et se termine au lever du soleil.

Le Prophète (ﷺ) a reçu la Révélation dans la péninsule arabique où il a toujours vécu. Les différents signes distinctifs permettant de déterminer le début du temps des prières d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr sont présents tout le long de l’année. Il n’y a donc aucune difficulté à établir les horaires de prières. Or ce n’est pas le cas dans tous les pays du monde !

Que faire lorsque les signes distinctifs permettant de déterminer le début du temps des prières d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr n’existent plus ?

Un calendrier de prière : pourquoi faire ?
Afin de simplifier la vie des musulmans à notre époque contemporaine, les théologiens et les astronomes ont établi des calendriers de prière nous permettant de nous abstenir d’observer l’horizon ou de planter un bâton au sol. Il suffit de convertir les indications contenues dans les traditions prophétiques en horaires que chacun peut consulter.

Le Conseil de jurisprudence islamique[3], qui s’était réuni du 12 au 19 Rajab 1406 (du 23 au 30 mars 1986) a analysé cette question des horaires de prière en fonction des différentes zones du globe terrestre.

  • Al-Fajr consiste en l’apparition du premier rayon de lumière blanche et sa diffusion tout le long de l’horizon correspond à une position du soleil de 18 degrés au-dessous de l’horizon.
  • Al-‘Ichaa correspond à la disparition totale des lueurs rouges du crépuscule et à une position du soleil de 17 degrés au-dessous de l’horizon.

Pour autant le conseil attire l’attention sur le fait qu’entre le 48ème et 66ème parallèle nord et sud les signes distinctifs permettant la détermination des débuts de l’heure d’Al-Fajr et d’Al-‘ichaa ne sont plus présents certaines périodes de l’année (d’ailleurs entre le 45ème et le 48ème parallèle la distinction commence à devenir difficile).

Le 45ème parallèle passe au nord de la ville de Bordeaux, et le 48ème parallèle au sud de Paris. La majorité des musulmans de France est concernée par l’impossibilité de déterminer les horaires d’Al-Fajr et d’Al-‘ichaa à l’aide du calendrier du 18ème degré de latitude durant toute l’année (notamment durant la période estivale).

Puisqu’il est impossible de déterminer les horaires de ces deux prières toute l’année en utilisant le calendrier du 18 degrés (c’est-à-dire la disparition et l’apparition des signes astronomiques distinctifs mentionnés par les Textes), cette problématique devient une question ouverte à l’ijtihad (effort intellectuel d’interprétation que pratique le savant à partir des sources scripturaires afin de trouver une solution).

Bien évidemment cette problématique a fait couler de l’encre chez nos savants (anciens et contemporains). Ils ont donc proposé différentes solutions afin que les musulmans puissent accomplir les prières d’Al-Fajr et d’Al-‘ichaa bien que les signes distinctifs ne soient plus visibles (ce qui est le cas en France).

Nous nous sommes basés essentiellement sur les travaux de cheikh Faysal Al-Mawlawi[4] que nous résumons ici.

Quels sont les différents avis existants ?

Chez les hanafites :
Puisque les signes distinctifs qui permettent de déterminer le début de l’heure d’Al-‘ichaa ne sont plus visibles Al-Baqqalî a estimé qu’il était impossible d’effectuer cette prière, puisque prier avant le début du temps légal n’est pas accepté. D’autres hanafites ont estimé qu’il fallait faire une estimation[5]. Le grand savant Ibn-‘Abidin mentionne les deux opinions mais donne la prévalence à l’opinion qui affirme que cette prière reste obligatoire[6].

Chez les shafi’ites :
Les savants shafi’ites préconisent un calcul relatif en fonction du pays le plus proche dans lequel les signes distinctifs existent toujours (dans notre cas, il faudrait calculer en fonction des latitudes qui sont plus au sud). C’est l’avis des grands jurisconsultes shafi’ites comme Ar-Ramlî, Ibn Hajar ou encore An-Nawawî[7].

C’est l’avis qui a été choisi en 1986 par le conseil de jurisprudence islamique[8].

Chez les malikites :
Les savants malikites préconisent aussi un calcul (mais celui-ci est non-relatif) il se fait en fonction de l’endroit le plus proche dans lequel les signes distinctifs existent toujours, pour Al-‘Ichaa par exemple, au moment où les lueurs rouges disparaissent dans cet endroit le plus proche, alors il faut s’acquitter d’Al-‘Ichaa dans l’endroit où les signes distinctifs ne sont plus visibles[9].

D’autres opinions :
En plus de ces avis, d’autres opinions ont été émises et nous allons les résumer succinctement (nous rappelons que ces avis concernent les zones du globe où les signes distinctifs ne sont plus visibles).

Un avis mentionne qu’il est possible de faire l’analogie avec la ville de La Mecque. On calcule l’écart de temps entre Al-Maghreb et Al-‘Ichaa, et entre Al-Fajr et le lever du soleil, et on transpose cet écart dans les pays où le calcul des horaires d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr n’est plus possible. On choisit la Mecque car il s’agit d’un des endroits où le Coran était révélé[10], et du lieu du pèlerinage pour les musulmans.

Il a aussi été préconisé de maintenir les horaires de prière de d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr du dernier jour durant lequel les signes distinctifs étaient visibles. Si par exemple les signes distinctifs permettant d’établir les horaires ne sont plus visibles à partir du 15 mai et cela jusqu’au 15 août, alors on maintient les horaires de prière d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr du 14 mai durant cette période[11].

Une autre opinion consiste à diviser le laps de temps qui sépare la prière d’Al-Maghreb au lever du soleil en deux parties égales, Al-‘Ichaa se prie donc au milieu de la nuit puis on prie Al-Fajr. Certains ont également estimé qu’on pouvait couper la nuit en sept parties égales (depuis le coucher du soleil jusqu’au lever du soleil), Al-‘Ichaa se prie à la fin de la première septième de la nuit et Al-Fajr au début du dernier septième de la nuit[12].

L’érudit Muhammad Hamidullah, qui a vécu en France, estime qu’il est possible de faire Al-‘Ichaa 1h30 après la prière d’Al-Maghreb et Al-Fajr 1h15 avant le lever du soleil (il établit al-imsak, l’heure à laquelle il convient de cesser de s’alimenter si l’on souhaite jeûner, à 15 minutes avant Al-Fajr). Le professeur Hamidullah préconise cet avis pour tous les pays du monde durant toute l’année, c’est la seule opinion qui se généralise ainsi et qui ne tient compte ni de l’endroit ni du moment.

Son avis se rapproche d’un autre avis qui est celui du calendrier turc, Al-‘Ichaa se prie 1h20 après Al-Maghreb. Quant à la prière d’Al-Fajr elle se prie à une heure fixe qui est l’heure d’Al-Fajr du dernier jour durant lequel les signes distinctifs permettant de le déterminer étaient encore visibles. Cet avis se veut souple quant à l’horaire d’Al-‘Ichaa en prenant l’écart moyen des pays ou les signes sont visibles aisément toute l’année (1h20), mais il se veut également précautionneux quant au Fajr, notamment pour les jeûneurs.

Enfin la dernière opinion est celle du calendrier du 12 degrés qui est l’opinion mise en place par la fédération Musulmans de France (anciennement appelée UOIF).
Cheikh Faysal Al-Mawlawi, juge suprême à Beyrouth et vice-président du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche, fondateur et directeur de l’IESH de Château-Chinon, que Dieu lui fasse Miséricorde, fut l’initiateur de la réflexion sur ce fameux 12 degrés de latitude, cette opinion se base également sur les travaux de l’astronome Sâlih Al-‘Ajîrî.

Cheikh Faysal Al-Mawlawi a vécu en France de nombreuses années (en particulier de 1980 à 1985), il a donc vécu cette problématique de la non-disparition des signes distinctifs des prières d’Al-Fajr et d’Al-‘Ichaa. Il est alors tout à fait légitime que ce juriste de renom, propose une solution devant cette problématique majeure.

Discussion autour des différents avis

Comme le mentionne cheikh Faysal Al-Mawlawi[13], ces différents avis qui émanent tous de grands savants, sont de trois types.

Le premier type consiste à faire une analogie de temps ou d’espace, c’est-à-dire qu’on essaie de se restreindre à la disparition des lueurs rouges à l’horizon ou à leur apparition pour être au plus près des sources scripturaires. Mais en réalité comme ces signes distinctifs ne sont plus visibles, il faut absolument faire une estimation soit en se basant sur un autre endroit, soit en se basant sur une autre période de l’année. En réalité on s’éloigne des sources scripturaires puisque les sources mentionnent la disparition de ces signes dans l’endroit dans lequel on se trouve et au moment où ces signes disparaissent ou apparaissent.

Le deuxième type d’avis consiste à donner un laps de temps fixe après Al-Maghreb ou avant le lever du soleil. Ces avis se basent sur les objectifs supérieurs de la Sharî’ah qui visent à pourvoir aux intérêts des individus ici-bas et dans l’au-delà en leur offrant suffisamment de temps de repos.
Les avis qui consistent à découper le temps de la nuit en différents laps de temps égaux (deux ou sept) se basent sur la logique, car en effet Al-‘Ichaa et Al-Fajr se prient entre Al-Maghreb et le lever du soleil, toutefois nous n’avons pas trouvé les arguments justifiant ce genre de découpage.

Le dernier type d’avis consiste à se baser sur un autre crépuscule. Au lieu d’utiliser le 18 degrés qui est le crépuscule terrestre, on choisit le 12 degrés qui est le crépuscule nautique. Cet avis est plus proche de la solution adéquate car il consiste à calculer un horaire d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr pour chaque endroit (sans se baser sur une zone plus lointaine) à l’instant même où nous avons besoin de déterminer l’horaire (sans se baser sur l’horaire d’une date antérieure). Il est également bien plus proche du raisonnement analogique des usuliyyun (savants des fondements du droit) comme nous allons le démontrer.

Quelles sont les justifications de cet avis ?

Les sources scripturaires font mention du début de la nuit pour déterminer le début de la prière d’Al-‘Ichaa et de la fin de celle-ci pour déterminer le début d’Al-Fajr. Pour les pays situés dans des latitudes moyennes (ni trop au nord ni trop au sud) ceci correspond à la disparition ou à l’apparition du soleil 18 degrés sous l’horizon. Or comme nous l’avons mentionné le 18 degrés n’est plus du tout opérant durant une certaine période de l’année dans notre pays car les lueurs rouges à l’horizon demeurent toute la nuit et cela jusqu’à l’aube.

L’idée est de déterminer le crépuscule (et donc l’aurore) au moyen d’un autre angle afin de proposer des horaires de prière cohérents sans nous baser sur un autre pays ou une autre période de l’année.

Qu’est-ce que le crépuscule ? Il s’agit d’une période avant le lever du soleil ou après le coucher du soleil durant laquelle les rayons solaires produisent une lueur atmosphérique qui apportent une clarté variable.

On distingue trois crépuscules :

  • Le crépuscule astronomique est la période où le centre du Soleil est situé entre 12° et 18° sous l’horizon.
  • Le crépuscule nautique est la période où le centre du Soleil est situé entre 6° et 12° sous l’horizon.
  • Le crépuscule civil est la période où le centre du Soleil est situé à moins de 6° sous l’horizon.

Le soir, la fin du crépuscule astronomique (lorsque le soleil se trouve à 18 degrés sous l’horizon) marque le début de la nuit complète ; le matin, son début marque la fin de la nuit, l’apparition des toutes premières lueurs de l’aube.

Or ce crépuscule n’existe plus durant une certaine période de l’année, il n’est donc plus applicable !

Comme le mentionne cheikh Faysal Al-Mawlawi[14], la prière d’Al-‘Ichaa a lieu au début de la nuit, celle d’Al-Fajr au moment de l’aurore ; puisque le 18 degrés ne détermine plus le moment du crépuscule il nous faut questionner les spécialistes afin de savoir quel est l’angle qui correspond au début de la nuit. Les astronomes utilisent alors le 12 degrés qui permet de déterminer le crépuscule (le moment à partir duquel la luminosité cesse de baisser et atteint son niveau minimal) et le début du jour (le moment à partir duquel la luminosité commence à augmenter petit à petit).

On comprend donc aisément qu’appliquer le 12 degrés nous permet de sortir de cette ambiguïté qui consiste à appliquer un angle inopérant (le 18 degrés) qui raccourcit la nuit artificiellement. Ce qui est extrêmement difficile pour les musulmans vivant en France durant l’été. D’ailleurs les instances qui utilisent le calendrier du 18 degrés changent d’angle durant la période estivale, ce qui prouve à nouveau que cet angle est inopérant.

Appliquer le calendrier du 12 degrés nous permet également d’éviter des méthodes de calcul qui se basent sur les horaires d’autres pays qu’il faut appliquer ici après estimation, il nous permet également de fixer les horaires sur d’autres périodes de l’année durant lesquelles les signes distinctifs sont présents. Nous obtenons donc les horaires d’Al-‘Ichaa et d’Al-Fajr pour chaque ville de France et cela pour toute l’année.

Ce calendrier fut validé lors du congrès à l’IESH de Château Chinon mis en place par la fédération Musulmans de France (anciennement appelée UOIF) en 1994. Furent conviés, aux côtés de diverses associations et organisations musulmanes tels que la Mosquée de Paris, la Fédération des Musulmans de France, et le représentant de la Ligue Islamique Mondiale à Paris, d’éminents savants comme cheikh Yusuf Al-Qaradawî, président de l’Union Mondiale des Savants Musulmans, président du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche, le grand érudit cheikh Abdallah Ibn Biyyah, cheikh ‘Issam Al-Bachir, cheikh Ajil Ennashmy, ancien doyen de la faculté des sciences islamiques du Koweit et membre du grand Consistoire de Jurisprudence.
Étaient également présents Nasser el Meymane, professeur à l’université de Oumm Al-Qura de la Mecque, le docteur Malik Eshsh’ar, Mufti de Tripoli au Liban, le cheikh Faysal Al-Mawlawi, juge suprême à Beyrouth et vice-président du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche, que Dieu lui fasse Miséricorde. Furent également invités à ce colloque d’excellents astronomes et physiciens parmi lesquels le docteur Muhammad Hawari, et le docteur Abdelkarim Ruzloune.

Après une journée entière de réflexion et de délibération entre juristes et astronomes, il fut adopté à la majorité l’avis se référant au 12ème degré de latitude pour calculer les horaires de prière.

Nous obtenons ainsi un calendrier cohérent, applicable à toute la France toute l’année et qui a le bon goût de maintenir des nuits d’au minimum quatre heures durant l’été. Ainsi ce calendrier est plus souple que celui qui se base sur le 18ème degré et il est connu que lorsque le messager de Dieu (ﷺ) avait le choix entre deux façons de faire il choisissait la plus facile[15].

Choisir la souplesse et la facilité n’est pas du tout contraire à l’Islam mais c’est bel et bien ce que Dieu veut pour nous.

Le choix de la souplesse, le choix islamique par excellence
La souplesse est un paradigme majeur de la religion musulmane, Dieu dit dans le Coran :

« Dieu ne veut pas vous imposer quelque gêne »[16] « Il (Dieu) ne vous a imposé aucune gêne dans la religion »[17]

Cela veut dire qu’il est impossible qu’il existe dans les obligations qui incombent aux musulmans des éléments qui mettent l’individu dans la difficulté. C’est la raison pour laquelle les savants s’accordent sur la règle suivante « une prescription qui n’est pas supportable ne fait pas partie de l’Islam » ils se basent sur le verset suivant :

« Dieu n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité »[18]

Les savants s’accordent également sur la règle suivante « point de péché pour celui qui délaisse une chose car il n’est pas capable de s’en acquitter ». En Effet Dieu dit :

« Craignez Dieu autant que vous le pouvez ! »[19]

Les savants des fondements du droit (usul al-fiqh) ont établi de nombreuses règles juridiques, en se basant sur cet objectif suprême qui est la facilité et la souplesse :

« La difficulté amène la facilité »[20] « La nécessité lève l’interdiction »[21] « Le besoin est assimilé à la nécessité »[22]

Le grand imam Ash-Shâtibî dit « la législation islamique ne vise pas à imposer des prescriptions durs ou pénibles »[23], pour affirmer cela il s’est basé sur les versets qui disent que l’Islam est venu retirer les carcans qui pesaient sur les épaules des communautés précédentes[24], ainsi que sur les versets que nous avons cité ci-dessus concernant la non-présence de difficulté dans la Sharî’ah.

Il ajoute que si certaines prescriptions contiennent quelques difficultés à assumer, alors ces difficultés sont d’un niveau tel que la majorité des gens sont capables de réaliser ces prescriptions sans vivre dans la gêne.

Conclusion

Il est étonnant de voir que des personnes non-spécialistes de la législation musulmane s’élèvent contre le calendrier du 12ème degré de latitude sans avoir pris connaissance des tenants et des aboutissants de cette opinion. Nous avons démontré que cette question relevait de l’ijtihad, elle est donc soumise à la divergence des savants. Dès lors que le savant réfléchit pour produire une solution à un problème donné, alors que les Textes sont silencieux ou que le sens porté par les sources scripturaires est trop général, il est tout à fait normal qu’il aboutisse à un résultat différent de celui de son semblable. C’est la raison pour laquelle la règle jurisprudentielle stipule : « point de condamnation au sujet des questions divergentes ». Comment un non-spécialiste peut-il se permettre de condamner l’opinion d’un savant alors que le messager de Dieu (ﷺ) affirme que l’érudit qui produit un effort d’interprétation est toujours récompensé par le Créateur[25].

Nous espérons que cet article apportera un éclairage suffisant aux personnes désireuses de comprendre les raisons pour lesquelles la fédération Musulmans de France a optée pour le choix du 12 degrés. Les personnes qui ne sont pas convaincus par ce calendrier sont libres d’en choisir un autre, d’ailleurs nous les considérons tous comme valables puisqu’ils émanent de la pensée de nombreux savants et juristes comme le mentionne le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche.